Réunion du 19/01/2010

Une nouvelle Mairie

 

Dans la séance du Conseil Municipal du 30 mars 1890, M. le Maire s’exprime ainsi : « Aussitôt qu’elle a eu connaissance du projet d’aliénation de la maison TEYSSIER, l’administration a dû se préoccuper de savoir si elle ne correspond pas à l’un des vœux de la population en proposant son acquisition pour y établir une mairie. Après avoir acquis la certitude que cet immeuble serait facile à approprier à cet usage sans une trop grande dépense, elle vient vous demander de bien vouloir examiner cette question.

 L’administration a rédigé un exposé qui dit : « il n’est pas un habitant de Grenade, pas un habitant de la commune, pas un étranger qui, se rendant à la Mairie, pour des besoins administratifs ne se soit fait la réflexion, qu’il était vraiment dommage qu’une ville comme Grenade, possédât une Mairie aussi vieille, aussi délabrée et surtout aussi éloignée du centre. Cette réflexion, nos devanciers au Conseil Municipal la firent aussi. C’est pourquoi dans notre histoire locale nous voyons, toutes les fois qu’un immeuble à peu près convenable se trouver en vente autour de la place, les conseillers municipaux de l’époque se préoccuper d’en faire l’acquisition pour y installer l’Hôtel de Ville. Ce fut d’abord la maison LASSERRE d’HAUTMONT qui préoccupa le Conseil Municipal de 1832 ; ils décidèrent l’achat de l’immeuble, mais par suite de circonstances dont il ne nous est pas possible de connaître la véritable portée, l’affaire n’eût pas de solution heureuse. A 35 ans de distance, en 1868, une nouvelle maison située aussi sur la place fut mise en vente : c’était la maison FILHOL. Le Conseil Municipal d’alors se préoccupa de son achat mais il recula devant la dépense qu’il aurait été utile de faire pour approprier cet immeuble qui aurait exigé une reconstruction complète. Aujourd’hui un nouvel immeuble est en vente. La maison TEYSSIER réunit, par sa situation sur la halle, à l’angle des rues les plus fréquentées de la ville, les meilleures conditions de portée. De plus, l’inspection de l’alignement et de sa distribution intérieure a permis à l’administration de reconnaître, aidée des conseils de M. SOUQUES, agent-voyer cantonal, qu’il était facile avec une très modeste dépense de l’affecter aux services administratifs que comporte une Mairie.

Nous est-il permis, devant les désirs que tout le monde formule hautement, de nous intéresser à cet achat et à nous montrer moins novateurs que nos ancêtres de 1832 et de 1868 ? »

Moyennant la démolition d’une cloison au rez-de-chaussée, d’une autre au premier étage et de l’établissement d’un cabinet pour le Juge et pour le Greffier, nous aurions un immeuble suffisant à tous les services. On y trouverait un salon destiné à recevoir les autorités supérieures qui servirait aussi de salle de mariages. La salle de la Justice de Paix que l’on a l’habitude de faire servir aux réunions nombreuses, n’aurait que quelques mètres carrés de moins que celle qui existe actuellement. La salle du Conseil Municipal dont la loi du 5 avril 1884 déclare les séances publiques serait plus spacieuse que l’ancienne et, de plus, aurait pour accessoire une salle des commissions qui manque actuellement. Le Secrétariat, le cabinet du Maire, la salle des archives seraient aussi mieux dotés et d’une indépendance absolue. Enfin le Concierge placé dans la cour, disposerait d’un local plus que suffisant. On trouve aussi le moyen d’y installer un bureau pour le Commissaire de Police. Si l’on ajoute à tout cela un local pour la pompe à incendie, le violon municipal, la pièce destinée aux débarras du concierge, les greniers du premier étage au-dessus des écuries qui serviront de magasins, et une cave large et spacieuse, l’on est obligé de reconnaître qu’on ne pouvait trouver mieux.

 

En même temps qu’elle examinait la possibilité de l’installation des services municipaux dans la maison TEYSSIER, l’administration s’occupait des voies et moyens d’arriver à l’achat de cet immeuble. Il est facile de concevoir que les anciens locaux abandonnés auront une valeur que l’emplacement et la vente des matériaux de la construction peut permettre d’évaluer une somme presque suffisante pour réaliser l’achat actuel.

 

L’administration a pensé qu’il serait fait à cette proposition une objection, qui au premier abord paraît avoir son importance, car il s’agit d’un don que l’on aurait l’intention de faire à la ville de l’immeuble LAGEZE pour servir de Mairie. Aussi séduisante que soit cette promesse, il y a lieu de se mettre en garde, car personne n’en a connaissance de façon absolue. Les personnes qui l’ont ébruité, ont du reste prétendu qu’il y avait à cette donation des conditions qui ne leur étaient pas permis de faire connaître. Une trop grande confiance dans la générosité des donateurs, qui peuvent changer d’avis, serait de nature à nous faire perdre le bénéfice de l’occasion unique qui nous est offerte.

 

Un des membres du Conseil, dit tenir, non pas officiellement mais par l’intermédiaire d’une personne qui touche de près la famille LAGEZE, que l’intention des héritiers est bien, en effet, de faire don de leur immeuble à la ville pour en faire une Mairie. La situation de fortune des héritiers permet de croire que s’ils ont avancé une pareille promesse, ils ne reculeront pas au moment voulu de la mettre à exécution. Telle n’est pas l’opinion de plusieurs de ses collègues et notamment de M. le Maire qui a connu particulièrement M. Auguste LAGEZE et qui dit que ce dernier, dans une conversation, lui a parlé de l’éventualité de l’achat par la ville de son immeuble pour y installer une Mairie, mais non d’un don qu’il aurait eu l’intention de faire. Le Conseil décide donc d’écrire au tuteur des Demoiselles LAGEZE pour qu’il nous renseigne exactement sur ses intentions. Vous comprenez en effet que si l’immeuble LAGEZE nous était remis gratuitement, il pourrait y avoir lieu d’abandonner la proposition d’achat de la maison TEYSSIER.

 

Quelques membres du Conseil parlent de l’opportunité qu’il y aurait de construire une Mairie neuve de toutes pièces sur le carré communal de la Porte de Toulouse. M. UCAY notamment est de cet avis. D’autres font observer que cette édification entraînerait la ville dans des dépenses excessives.

 

 

A la réunion du Conseil du 11 mai 1890, M. le Maire lit une lettre de M. COURDY qui fait offre à la commune de lui vendre son immeuble pour servir de Mairie (rue .. ?..) moyennant le prix de 40 000 F La commission a décidé de renvoyer cette proposition à la commission chargée du projet d’achat de la maison TOURNIÉ-TEYSSIER. Elle décide en outre que dimanche, à l’issue de la séance, le Conseil ira visiter la maison LAGEZE pour savoir si cet immeuble est facilement appropriable à une mairie. La même visite sera faite de la maison COURDY.

 

Suite à cette visite, le Conseil, ans sa séance du 25 mai 1890, reconnut que la façade architecturale de la maison LAGEZE se prêtait parfaitement aux exigences de l’extérieur, mais que les dispositions intérieures auraient besoin d’être revues et nécessiteront une dépense assez considérable. Dès ce jour on avait compris qu’il serait utile de démolir les deux murs extérieurs pour permettre de faire au rez-de-chaussée une grande salle qui a son tour serait précédée d’un vestibule comprenant l’espace occupé actuellement par les deux magasins qui ouvrent sur la place.

M. le Maire dit : aujourd’hui que la maison paraît jugée, je crois qu’il y aurait lieu de se mettre en relation avec M. NOUVION, industriel à Bétheniville (Marne) et de lui demander le chiffre définitif qu’il a fixé pour la cession. Le Conseil approuve.

 Cet exposé terminé plusieurs conseillers exposent leurs vues pour l’appropriation de l’immeuble. Un d’entre eux émet même l’idée de compléter cet achat par celui du bal BARCOUDA, ce qui permettrait d’établir dans ce local, la salle de la Justice de Paix et conserver le rez-de-chaussée de la maison LAGEZE pour l’installation des Postes et Télégraphes.

 

A la réunion du 20 juin 1890, M. le Maire dit le moment est venu pour le Conseil de fixer son choix entre les trois maisons qui nous ont été proposées et qui ont été visitées. La 1ère, celle de TEYSSIER au prix de 14000f, la 2ème celle de M. LAGEZE à 12000 F et la 3ème celle de M. COURDY à 40 000 F Il est procédé au vote sur ce choix. Le dépouillement du scrutin donne la préférence à la maison LAGEZE par 15 voix contre 3.

 

Le Conseil consulté pour savoir qui est l’homme de l’art qu’il entend choisir pour dresser le devis et cahier des charges pour cette réparation, porte son choix sur M. SOUQUES.

 

 Il résulte du travail présenté M. SOUQUES, l’architecte, le 5 octobre 1890, que les dépenses à faire à la maison LAGEZE pour y installer les services d’une Mairie s’élèveront approximativement à la somme de 16000 F, y compris une somme de 4250 F à valoir pour imprévus et honoraires. Cette somme ne dépassant pas les prévisions que chacun de nous avait supputées, il y a lieu de consulter le conseil pour savoir s’il entend faire l’acquisition de cette maison.

 La proposition de M. le Maire étant mise aux voix, elle est adoptée à l’unanimité

 

Dans la réunion du Conseil Municipal du 28 février 1892 M. le Maire dit que l’acquisition de la nouvelle Mairie ayant été faite, il est maintenant nécessaire de l’assurer. C’est la compagnie d’assurance La Nationale qui est choisie.